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Nadine Altmayer tisse.
Il y a donc toujours au départ un « métier à tisser » :  fils de chaînes, lisse, peigne...
« Tisser : entrelacer, suivant une « armure » donnée, les fils de chaîne (longueur) et les fils de trame (largeur) », (selon le Larousse).
Trames et fils entrelacés.Histoires de tissus, histoires de corps.
Fibres enchevêtrées, étoffes, liens, croisements.Linges et draps.
Nadine Altmayer tisse, c'est-à-dire qu'elle utilise l'un des plus anciens procédés inventés par l'humanité pour couvrir le corps. Le protéger, le parer, le cacher, l'ensevelir, le révéler?
Formée aux Beaux-Arts d'Angers (diplômée en 1994) en section Arts Textiles, elle utilise très peu les matières habituelles des tissages, coton, lin, chanvre.Dès ses débuts, elle y intègre d'autres matériaux, d'abord le papier puis le métal.
Elle y ajoute également un travail de la matière: elle ponce, écrase, lisse...Parfois même, elle incorpore d'autres éléments, draps anciens brodés et recouverts d'argile.« Linges » et « Toiles battues », tels sont les titres de ses oeuvres.
D'où proviennent ces grands tissus blancs, pâles, suspendus? De qu'elles « étoffes » s'agit-il là, dans ce silence retenu?
Parfois, teintures et pigments ajoutent la couleur à l'épaisseur du tissage, somptueuse série de tableaux en bas-reliefs, « Rouges de Venise » (2007).
Cependant, l'artiste n'a jamais cessé d'utiliser son métier à tisser (haute-lisse). Elle en explore jusqu'au bout les possibilités techniques, avec les creux et les pleins, jusqu'à se détacher de la surface plane.

Alors naissent les volumes, les masques d'abord puis les grandes « Armures », tissées de fils métalliques et plantées sur pieds, devenues sculptures, installations, personnages! Présence et absence. mémoire.
«......ses armures filtrent nos souvenirs d'homériques batailles, vains grillages contre l'oubli du temps, illusoires protections contre des combats qui n'auront jamais lieu, fragiles cottes de mailles emprisonnant la mémoire. dans ses tableaux-textiles enfermant d'autres mailles, celles des chemises de nos ancêtres, quelle est la part de l'étoffe, et celle de la peinture, qui noie, qui lisse et qui efface, comme le linceul du temps? ».

                                                Cécile Nivet.