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TEXTE VIRGINIE HUET

NADINE ALTMAYER
"Avec les peintures rupestres, les fils comptent
parmi les plus anciens vecteurs de sens", rapportait Anni Albers en 1965, dans son manifeste On Weaving. Mythe ou histoire vraie, le fil est conducteur chez Nadine Altmayer, lissière dont les tissus teints à l'acrvlique ou à l'encre de Chine forment des piles de secrets. Décousus, rapiécés, ils sont couverts d'argile, terre liquide qui les raidit. L'état solide a ses faveurs : il faut que la matière se tienne, fasse corps sous la peau en lambeaux, mince comme la frontière entre l'oubli et le rappel. Usée, inachevée, elle restera ainsi, pour toujours en transit, imitant le fossile, la ruine, ou bien l'ébauche, piégée à mi-chemin, antique et actuelle, au seuil de sa mue. Tout pend, s'effrite, déteint et pourtant impressionne, autant qu'un champ de fouilles ou une poupée vaudou. C'est qu'Altmayer a des ruses de sioux : armée d'une ponceuse, elle attaque par endroits les couches agglutinées. Chacun de ses passages les met à demi nues, et montre ou dissimule des trésors enfouis - une robe chasuble, un clou - vestiges d'autres temps, gris-gris d'autres pays. Face à ces toiles blêmes, paysages de neige ou cadastres ridés, nous reviennent en mémoire les vues satellites de Babylone ou de Palmyre, cités perdues à l'aura éternelle. Plus loin, auprès de totems calcinés, poutres apparentes parcourues de dentelles, résonnent les chants tristes de rites sacrés. L'hypothèse est plausible mais l'auteure s'en défend. Peut-être que ses mailles entretiennent toutes des liens, étroits ou lâches, avec un désordre intérieur. Peut-être qu'il n'en est rien. Ce qui se trame, au fond, lui appartient : les cicatrices se voient mais ne regardent personne.
Dernièrement, ses volumes s'allègent. Délestés du poids du monde, ils surgissent tels quels, ouverts aux quatre vents. Ici, le métal fait des boucles brunes, rousses, ou argent. Ailleurs, des filets sans poissons se parent de perles de plomb. Altmayer joue à des jeux de textures. Aussi, ses grilles sont pleines de vides, de niveaux de lecture.
Virginie Huet

Texte Charlotte Menard

La peau comme un parchemin 
permettant de lire dans les âmes
Nadine Altmayer semble avoir pris l'expression au pied de la lettre, et même l'avoir retournée comme une peau. Formes minimales, rapport attentif,  sinon sensuel, le tissu devient épiderme, matière
à sculpter, surface sensible réagissant aux pincements, pressions et autres attaques chimiques. Chaque pièce agglomère déchirures, plis, et nervures comme autant de cicatrices, de scarifications
et d'ornements qui dressent une ossature initiale, une architecture fluide, une première épaisseur.
Il y a quelque chose d’archaïque dans la pratique de Nadine Altmayer : choisir le tissu, l'étaler sur
le sol,nouer, ficeler, badigeonner, laissersécher, déplier,poncer, écraser, lisser. Gestes simples, traditions millénaires. L'artiste, par un long processus de dégradation, travaille sur les densités de la matière et l'altération des textures et par là même sur l'usure, l'empreinte, et la mémoire. S'opère une métamorphose radicale par un travail savant et méticuleux de reconstitution et de restauration.
On pourrait presque suggérer que son œuvre est un corps en vie, violemment disloqué dans des mondes différents qui s'opposent ou s'étreignent patiemment selon les cas. Tout ou presque
paraît en morceaux, l'œuvre est ici une surface évolutive qui donne l'impression de pouvoir se métamorphoser à l’infini .
Archiviste ou gardienne, Nadine Altmayer convoque la mémoire du corps dans celle du tissu, et
tente de« faire paysage ». L'œuvre devient une sorte de réceptacle où se déposent des récits
inachevés. L'artiste a compris le pouvoir onirique et émotionnel des matériaux pauvres. Toiles
de lin, fragments de draps, ficelle, fils de fer, métal, argile, chaque pièce convoque un monde
indiscipliné qui s'éveille ou s'assoupit à son propre rythme.Le temps a ici une épaisseur et chaque
aspérité forme sans conteste une histoire dense, ancestrale presque. À travers ses gestes ,l'artiste
se transforme en archéologue qui rassemble les traces éparses d'un passé disparu. Cryptes
évoquant la disparition, dépôt de mémoire , à mi-chemin entre la vanité muséo graphique et le
témoignage ethnographique,ses œuvres traversent le temps impunément, dans une sorte de
court-circuit temporel d'où jaillit une beauté brute, silencieuse et par laquelle se forme des
micro-récits volontairement lacunaires et hésitants, laissant toute possibilité de confondre
souvenirs personnels et histoire commune.


Choses tapies, entrevues, soulevées, corps cachés, tissus gonflés. Une géographie en relief où se logent les détours de la mémoire. Chaque pièce fonctionne comme une poche de fiction où rien d'autre ne se joue que le souvenir d'une histoire à fabriquer.A charge pour le spectateur d'en imaginer la trame narrative possible.
Les surfaces de ses pièces filtrent et laissent apparaître des bribes d'histoires, de voix étouffées, de souvenirs voilés, comme si l'artiste avait voulu capter quelque chose qui résiste mystérieuse- ment. Les œuvres de Nadine Altmayer convoquent la dimension visuelle moins dans ce qu'elle peut avoir de directement et fugitivement frappant, que dans ce qu'elle peut proposer d'ouverture à l'imaginaire, celle qui perdure et finit par configurer un autre système de significations. Un message toujours en embuscade derrière une grande cohésion plastique. Nous posons ici le pied dans des zones fragiles et nébuleuses. Mais la cible reste hors champ et tel message subliminal, peu pressé de lever le voile, préfère visiblement s'attarder dans les plis des tissus plutôt que de s'en extirper. Epousant la forme d'un ruban de Möbius, l'œuvre contient plus qu'elle ne raconte, et l'artiste assigne à chacune de ses pièces une fonction exploratoire. Entre
réalité et fable, la cohabitation entre les matières suggère un léger déséquilibre ou même une dissonance. Comme si Nadine Altmayer, loin de toute tentation romantique de restaurer l'unité perdue du monde, cherchait inlassablement a en peindre les lambeaux.A mondes fantômes, œuvres spectrales.
En laissant simplement l'œuvre entrouverte, avec ce soupçon d'inachèvement, Nadine Altmayer leur imprime un vertige, une inquiétante étrangeté. Séduisante, conteuse, magicienne, l'œuvre est avant tout relation, vie, mouvement, « formeformante »plutôt que «forme formée», offrant l'une des clefs, celle de l’origine, de la matière, de ce que nous appelons l'inerte et qui pourtant déjà est la pensée.

Charlotte Ménard

Texte Ariane Allemandi

Poème aux Armures, aux Loques et aux Linges.
Tisser.
Patiemment tendre les fils sur le métier ancestral.
Dresser l'ossature initiale qui recevra la trame, en alignant soigneusement les fils de chaîne les uns après les autres, pendant que les heures filent.
Se reposer un peu quelquefois, quelques secondes; étirer la colonne vertébrale, respirer profondément, les yeux fermés.
Et puis se remettre à l'ouvrage.
Surtout ne pas s'énerver, malgré la hauteur du sommet à atteindre, l'ambition folle de l'entreprise.
Résister aux Sirènes de la Technologie ou du Ready-Made.
Je le ferai moi-même, dussé-je y passer des semaines.
Ne pas manger s'il le faut, tenir douze heures sans pause, avancer.
S'enorgueillir, pour se donner courage, de la grandeur du projet.
Créer la surface première, là où était du vide, faire sortir du néant le châssis de fibres, la toile textile qui sera seulement ensuite le support du travail à venir.
Une Armure viendra.
Une enveloppe guerrière, mais fragile car de corde, de ficelle et d'argile, une Armure s'élèvera.
Presque corset de femme aussi, quand des courbes gracieuses se dessinent dans l'espace creusé par le contour de l'oeuvre.
La guerre est gagnée sitôt que déclarée, sitôt que l'habit belliqueux fait des fines mains de l'artiste s'expose et s'impose, sitôt que la subtile carapace tressée laisse irradier son étrange éclat.
Des Totems seront érigés.
D'abord, simples planches de bois, momifiées ensuite de tissu enroulé, de vieilles loques, vieux linge brodé, oeuvres de l'ancien artisanat textile, simple outil de la quête d'un besoin vital ou humble ornement décoratif, des Loques- Totem seront façonnés.
Alors l'argile primitif, poussière et eau des Origines, matériau de la Création des hommes dans les mains divines, l'argile blanche viendra donner chair, épaisseur, vie sensible au squelette symbolique.
Sur les Totems de textile et d'argile se verra comme une peau sui se plisse, ridée par les travaux et les jours, la peau de l'homme laborieux qui laboure la terre, qui plante et qui récolte, la peau de la femme qui file et qui tisse, protectrice, qui panse les plaies du blessé et borde le lit de l'enfant inquiet.
Cette peau affleurera à la surface des Loques- Totems, à la faveur de la tension maximale du tissu autour de la planche, tension imprimant rides et crevasses à la membrane épidermique.
Il faudra alors raccommoder.
Se raccommoder avec le meilleur ennemi.
Se raccommoder avec cette satanée Existence terrestre, la merveilleuse et terrible Finitude.
Tâcher de faire la paix avec la Condition humaine, sans pour autant en masquer la douleur.
Accepter le passé douloureux et l'avenir effrayant qu'on voudrait parfois nier.
Raccommoder à l'extrême, en exhibant sans pudeur la Cicatrice, scarification possible, points de suture affirmés, tissés au fil de fer rouillé déjà par le temps véloce.
Ne pas masquer les lèvres de la cicatrice qu'on peut encore imaginer béantes avant l'effet de boursoufflure infligé par le raccommodage noué serré.
C'est la vie, l'existence mortelle consciente de sa fragilité, la montrer comme elle est.
C'est l'humaine condition, la Pesanteur et la Grâce, la Matière animée par l'Esprit ( âme pour les uns, cérébralité pour les autres ), la célébrer.
Montrer en recouvrant que pourtant ça vit là-dessous, sous les strates, sous le figé, sous l'hermétique.
Faire deviner le grouillement organique sous l'apparente couverture minérale.
Dévoiler que ça vibre, souterrain, au plus profond.
Tout recouvrir et puis taper, et puis poncer; aplanir, et puis gratter.
Faire ressurgir par endroit, mettre à nu, laisser transparaître la déformation interne.
Se ressouvenir par l'oubli, le passage par l'ensevelissement, avant l'excavation libératrice.
Coudre, recoudre, et recoudre encore.
Contrattaquer les Parques.
Refaire à l'envers le geste des Moires grecques qui tissent le destin inéluctable des hommes.
Répondre à Atropos, l'inflexible, qui coupe le fil de l'existence le moment venu.
Se battre sur son terrain, avec ses armes.
La mort infiltre la vie, fait courber les vivants à chaque drame, chaque blessure.
Recoller les morceaux, reconstruire, réparer.

Dénouer les tourments de l'âme, en serrant fort les noeuds. Retrouver le fil de sa pensée, après l'égarement.
Renouer avec les amis perdus.
Tisser de nouveaux liens, si la rencontre est belle.
Par les Armures, par les Linges, par les Loques, inventer son destin et conquérir sa liberté dans un pied de nez astucieux à la fatalité, comme Pénélope éternelle tisseuse défaisant la nuit le somptueux suaire qu'elle coud le jour pour repousser toujours le moment refusé du mariage avec un autre que Ulysse.
Inspirer.Respirer.
Sentir le rythme vital en soi.
Retrouver le va-et-vient pulsatoire de la navette entre les fils de chaîne.
Se laisser envahir par le souffle du Désir, et le laisser rayonner dans l'Oeuvre d'Art.
Ariane Allemandi.

Nadine Altmayer au Grand Théatre d'Angers, février 2008 
Envoûtés  
      Pascal Gaudin                                                                                 La production d'une œuvre d'art 
                                                                   jette une lumière sur le mystère de l'homme. 
                                                                                                                  R.W. Emerson

Nadine Altmayer tisse.
C'est-à-dire qu'elle utilise l'un des plus anciens procédés inventés par l'humanité pour couvrir le corps. Pour le protéger de la chaleur ou du froid, pour le parer, le cacher ou bien le révéler, pour l'ensevelir aussi.
Nadine Altmayer pense volontiers au linceul lorsqu'elle jette un regard rétrospectif sur son travail.
Le linceul est protection pour un ultime voyage. Le linceul dérobe à la vue, il oblitère, cèle, il ajoute un dernier mystère au corps mystérieux - mais le linceul révèle aussi une forme, la nôtre.
 Le travail de Nadine Altmayer, depuis ses débuts et avec une constance étonnante, consiste à jouer du visible et de l'invisible, du caché et du révélé.
La matière utilisée ne doit pas faire illusion : lin, chanvre, coton, voire métal ? Mais c'est de corps qu'il s'agit, c'est de chair dont on nous parle. La chair qui naît, vit, resplendit puis se putréfie… Passage de la vie, pas même pour laisser une trace ( c'est l'artiste qui le dit) mais sans aucun doute pour éviter de réfléchir trop longtemps, en une dangereuse réflexion, sur le sens de notre passage sur la terre : « L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité » rappelait opportunément Nietzsche.
Linceuls, dit-elle ? Bien, voyons un peu.
En 1995, Nadine Altmayer baptise « Au-delà de l'instant » un travail qu'on dirait fragment de tapisserie proposant des graphes abscons comme un frise, une écriture. Et ce souvenir d'un œil, au cœur de la matière, au tiers inférieur. Alors, l'artiste éprouve encore le besoin de proposer un chemin interprétatif. Mais avec l'affirmation du geste viendra rapidement le renoncement au démonstratif : le linceul après tout n'est pas quelque chose que l'on signe, c'est un élément parfaitement dénué d'indices, « un linceul n'a pas de poche » comme nous le rappelle la littérature policière. En 1996, nouvelle étape, avec cette série intitulée étrangement « Visages pâles » : monochromes, blanchâtres, ces créations traversées de nervures invitent tantôt à y découvrir le souvenir d'une épine dorsale tantôt elles s'architecturent.
Le travail des années 1998-2000 s'intitule sans ambages ni équivoque « Une autre Peau » : nous sommes bien toujours au sein de cette préoccupation carnée, cette obsession d'une matière sans quoi nulle vie n'est envisageable. Et Nadine Altmayer chemine peu à peu vers la pleine maturité de sa parole, : sans faire l'économie de tentatives vers la couleur : sombre développement, sur un ample format ; reflets violacés, tendant vers les roses et les bleutés, dans des formats plus restreints . Et cette lanière ne semble-t-elle pas un lambeau de peau arrachée, dont elle possède la teinte, le souvenir du sang et de la sanie, la complexe structure…
A partir de 2000, l'art de Nadine Altmayer prend une dimension nouvelle, s'échappant progressivement de la planéité. Le corps est volume, il est juste que ce qu'il l'enveloppe le soit aussi. Voici donc les huit premières « armures » créées pour l'exposition « Détours 01 ».
Voici également les « Toiles Battues », ces palimpsestes volubiles dans leurs apparente quiétude, toute parée de blanc. A s'approcher de ces surfaces, on devine l'énormité du travail : jamais sans doute la preuve n'est apportée avec plus d'évidence de cette règle que Nadine Altmayer s'est donnée : « utiliser des subterfuges pour masquer le travail ». On ignore les savoir-faire requis pour parvenir à ces œuvres superbes : mais rien ne nous empêche d'y lire, à la manière d'une écriture Braille. On dirait de cunéiformes ou de linéaire B, en tout cas d'une écriture à la fois indéchiffrable et merveilleusement évocatrice. Ici le regard se perd, l'objet envoûte. Montée en puissance d'une démarche créatrice : ce qui sort désormais du travail de Nadine Altmayer ne peut plus jamais laisser indifférent quiconque s'intéresse à la destinée des hommes.
Car apparaissent aussi les « Linges », témoignages émouvants d'une vie anonyme. Parce qu'ils sont réalisés à partir de vieux vêtements, ces travaux ne peuvent nous empêcher d'évoquer la vie de ceux qui les ont portés. Apparaissent également les « Loques », gisants verticaux qui unissent la fragilité d'un tissu et la densité d'un mégalithe crayeux.
Et revenons aux « Armures » puisque, à la pleine mesure de l'art du tissage est venu maintenant s'adjoindre l'usage de fil métallique.
Voilà, Nadine Altmayer sculpte.
Du tissage, elle a pris toutes les richesses. Du métal, elle a pris la robustesse pour nous donner ses plus récentes armures, et offrir son ouvrage en trois dimensions. J'ai déjà eu l'occasion de dire mon admiration pour ces créations. L'adjectif revient encore : envoûtant. Chaque « Armure » recèle un cri silencieux, une présence obsédante. En présence de l'une d'entre elles, le regard n'a de cesse d'y revenir, l'oeil écoute. J'avoue n'y plus voir le linceul que Nadine s'est souvent donné comme leitmotiv. L'accession au volume, la mise en place sur un sobre socle en ferait presque un ex-voto.
Il semble qu'un stade supplémentaire ait été franchi, avec la présence plus explicite encore de l'humain… mais rappelez-vous, il y avait déjà, en 1996, ces deux petits masques… Hommages à l'art africain qui eussent sans doute ravi un Michel Leiris, comme celui-ci aimait Francis Bacon : ai-je dit que le travail de notre artiste n'est pas sans évoquer, avec des moyens différents, celui de l'immense peintre du siècle écoulé, pareillement fasciné par la dimension carnée de l'existence ? Nous sommes ici encore dans l'anthropologie : l'aventure humaine, ses drames, ses fureurs, ses amours et ses haines, dans le sang qui s'écoule au cœur de la matière tissée, dans ce vide au centre de l'armure, d'où sourd pourtant une extrême compacité. Du particulier au général : avec les Armures, tout comme d'ailleurs avec les Linges, c'est un corps qu'il nous est donné d'imaginer, de sa naissance, de sa vie, de ses aléas, de sa finitude. Car ce truisme de notre temporalité, Nadine Altmayer l'explore à sa façon, discrète, allusive. Ses créations envoûtées, à la manière des fétiches de civilisations pas si lointaines de la nôtre, respirent quand même une tendresse, ne serait-ce que par la délicatesse du travail sur les matières.
Tiens, Philippe Sollers : « Le goût consiste à établir des relations secrètes, à être acteur de sa sensation et non pas spectateur, à voir, à chaque instant, la nervure érotique des choses ». Eh bien voilà : nous y sommes.
                                                                                                                                                  Pascal Gaudin

La Gazette de Drouot

NADINE ALTMAYER 
Armures
Formée aux beaux-arts d'Angers, Nadine
Altmayer née en 1956, à Paris) travaille le textile
en peintre. En deux dimensions ou en volume,
elle détourne la technique traditionnelle du
tissage pour un nouveau langage. La métaphore oscille du linceul à «une autre peau », dans ce qui est caché à ce qui se révèle. Tour a tour
«Armures», «Toiles battues», « L i n g e s » «Loques» témoignent d'une vie secrète. Le volume introduit au monde de la sculpture. Ie lin comme le coton pactisent avec le fil de fer posé a son tour sur le métier à tisser. L'idée de la cuirasse subsiste dans ces «Recouvrements» sur lesquels se devinent des traces. Ces forme émergeant d'une alchimie où se mêlent, acrylique ,encre et kaolin sont celles gardées par la mémoire. Nadine Altmayer lisse, ponce, frappe les matières jusqu'à les dompter pour en faire les interprètes d'un récit. L'imaginaire est sans  cesse sollicité. Les beautés mystérieuses de la
matière nous séduisent comme les rouge profonds, les noirs métalliques, les blanc diaphanes, les bruns mordorés. Notre regard pénètre plus avant les «Trames», les «Rouge de Venise », évoquant des écorces peintes aborigènes ,des «bolis » africains: Ce que nous semblons voir est déjà effacé.Les œuvres de cette artiste possèdent la résonance des souvenirs . Elles dévoilent ce qui est caché. Cette matière dense et profonde, lin, chanvre, coton nous amène à réfléchir sur la chair de la vie qui naît ,vit, resplendit puis se putréfie...
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